29.4.2025
À partir de nombreux entretiens, des conférences, de l'observation des publications spécialisées et de la consultation des réseaux sociaux, on peut esquisser les exigences envers le parc immobilier futur :
D’une part, les propriétaires immobiliers souhaitent se rapprocher des utilisateurs et être informés sur la qualité de leurs bâtiments. Ils souhaitent disposer d'informations sur l'utilisation réelle et les performances de leurs actifs immobiliers. D'autre part, les bâtiments doivent être optimisés et leur efficacité énergétique et économique accrue. Les biens immobiliers doivent devenir plus durables, car ils joueront un rôle essentiel dans le système énergétique à venir. En résumé, la pérennité des bâtiments est essentielle. C’est le seul moyen pour les propriétaires d’actifs de rester flexibles face aux exigences futures des occupants et des locataires — un levier clé pour préserver la valeur à long terme, l’intérêt naturel de tout investisseur immobilier.
La pression pour utiliser l’espace de manière efficace s’est accrue à la suite de la pandémie de COVID-19. Disposer de données précises sur l’usage réel permet une meilleure gestion de l’occupation des espaces, qu’il s’agisse d’une location optimisée ou de nouveaux usages.
La qualité des espaces proposés influence directement le montant des loyers. Des facteurs tels que la qualité de l'air et le confort intérieur sont désormais primordiaux, tout en devant être assurés avec un coût énergétique minimal. C'est pourquoi il est important de connaître le niveau de qualité atteint et le prix à payer. L’efficacité opérationnelle devient ainsi un indicateur à évaluer, puis à optimiser.
Entre bénéfice et effort, l’efficacité repose sur deux leviers :
Dans cette optique, les exploitants et le facility management (FM) jouent un rôle clé. Grâce à des méthodes numériques telles que la maintenance prédictive, les commandes numériques, la standardisation des prestations et les check-lists numériques, les processus peuvent être optimisés.
L’optimisation numérique des systèmes techniques et énergétiques est également un atout. Grâce à des analyses évolutives utilisant des algorithmes avancés, intégrant des prévisions météorologiques, des simulations et une optimisation mathématique, des potentiels d'amélioration devraient être détectés automatiquement.
La réduction de l’énergie primaire dans l’exploitation immobilière (y compris les processus connexes) a un impact direct sur la durabilité, dans un contexte de tarification croissante du CO₂ et de pénalités potentielles pour les portefeuilles trop émetteurs. Dans ce contexte, un article m’a particulièrement marqué : « Exploiter pleinement le potentiel du Manage-to-Green » de Jens Böhnlein (Commerz Real, 13/02/2023).
De plus, on peut constater que les attentes des utilisateurs augmentent à mesure que le niveau de numérisation progresse. Des projets phares, même dans la région DACH, confortent cette tendance vers la maison intelligente. La connectivité et les interfaces numériques deviennent cruciales. On parle désormais de « Digital Readiness » ou « Smart Building Readiness ».
La stabilité et l'augmentation de la valeur des portefeuilles passe donc par une vision holistique des points évoqués ci-dessus.
Le marché regorge de solutions isolées, proposées par des entreprises établies, des start-ups issues de grands groupes, des PropTechs expérimentées et de jeunes pousses. Toutes les problématiques mentionnées peuvent donc être abordées à l’aide de méthodes déjà existantes. Pour l’illustrer, je cite quelques exemples, sans prétendre à l’exhaustivité :
À cela s’ajoute le fait que la topologie technique d’un bâtiment n’est en rien standardisée. Chaque solution promet de répondre à une ou plusieurs exigences spécifiques. De plus, un bâtiment intelligent est encore aujourd’hui conçu au cas par cas ; au final, les systèmes qui en résultent restent donc des solutions uniques et isolées. Ceux qui souhaitent maintenir durablement la valeur de leurs portefeuilles doivent regarder au-delà des seules constructions neuves, et considérer également le parc existant — car il s’agit, en fin de compte, de rendre tous les bâtiments plus durables et aptes à relever les défis futurs.
D’un point de vue technique, la mise en œuvre des propositions de valeur mentionnées requiert une solution globale qui recouvre plusieurs concepts et solutions. Mais alors, de quoi se compose exactement ce nouveau corps de métier requis, qui doit intégrer tous ces éléments ? Quelle est sa conception technique ? Fait-il partie des techniques de gestion technique du bâtiment (GTB)? Et peut-il être raccordé à distance sur un bâtiment existant ?
Je propose de définir le corps d’état intégrateur décrit ci-dessus comme la plateforme cloud pour les bâtiments. Celle-ci doit devenir un corps d’état standard pour leséquipements techniques du bâtiment, et donc faire partie intégrante de chaqueimmeuble, qu'il s'agisse d'une construction neuve ou d'une rénovation.
Les fonctions fondamentales à remplir incluent en premier lieu la collecte et la conservation des données, dans un réservoir massif de données (« data lake »). Celui-ci regroupe l'ensemble des données d’exploitation technique, de trafic et de mouvement générées par les équipements techniques du bâtiment. Il devrait également contenir l'ensemble des données de référence et métadonnées pertinentes le concernant. Par ailleurs, il doit être possible d’y intégrer des documents pertinents, tels que les plans de révision, les notices des fabricants, les documents de maintenance et les contrats, afin de les rendre accessibles aux parties prenantes concernées.
Il est également nécessaire de disposer d’un jumeau numérique de l’immeuble, voire du portefeuille immobilier dans son ensemble. Celui-ci peut être basé sur une structuration sémantique de l’ensemble des données du data lake. Il peut être composé de composantes d’origine physique ou procédurale, reproduisant ainsi numériquement la réalité. On peut par exemple modéliser dans le jumeau numérique des composants d'équipements techniques du bâtiment et des opérations de maintenance.
Une autre fonction clé de la plateforme cloud consiste à fournir aux parties prenantes un accès ciblé à certaines données, tout en garantissant la protection de celles-ci et la cybersécurité dans leur intégralité. Les services avancés de ce corps de métier standardisé peuvent inclure des algorithmes d’analyse, de régulation, ou encore des moteurs de processus. Pour cela, des interfaces ouvertes sont essentielles, afin de permettre une intégration autonome par les parties prenantes concernées.
Comme mentionné précédemment, les données issues de l’ensemble des corps d’état techniques doivent être hébergées sur la plateforme cloud du bâtiment. À cet effet, la norme allemande HOAI (Honorarordnung für Architekten und Ingenieure) peut servir de référence. Cette réglementation, via le groupe de coûts 400, structure et normalise les différents corps d’état techniques — y compris les composantes innovantes évoquées ci-dessus, qui peuvent également y être intégrées.
À ce sujet, le groupe de coûts 480 (automatisation du bâtiment) joue un rôle particulièrement important. Selon le niveau d’équipement du bâtiment, et en particulier son degré d’automatisation, les systèmes techniques sont plus ou moins intégrés et automatisés. L’automatisation du bâtiment constitue donc le point de départ pour la collecte de données.
Cependant, dans la réalité, je ne connais aucun cas dans lequel l’automatisation du bâtiment permettrait de regrouper l’ensemble des corps d’état techniques pertinents de manière exhaustive. Par conséquent, d’autres corps d’état doivent être intégrés localement. Cela peut être réalisé par intégration IP via des appareils périphériques appelés « Edge Devices » en anglais. Pour cela, un ordinateur industriel est installé dans le bâtiment et raccordé au réseau technique de l’immeuble. Si un bâtiment ne dispose pas des prérequis techniques nécessaires, la technologie existante peut être modernisée à l’aide de passerelles (« gateways »). Si la technologie existante est trop ancienne, on peut recourir à l’installation ciblée de capteurs adaptés aux cas d’usage spécifiques — un secteur en plein essor technologique. Quoi qu’il en soit, il est aujourd’hui possible de collecter rapidement et à faible coût l’ensemble des données issues des équipements techniques d’un bâtiment dans une plateforme cloud.
Les données en constituent une véritable matière première pour une exploitation efficace du bâtiment. Tous les usages précédemment illustrés en ont besoin, dans une certaine mesure. On considère les données comme le pétrole du XXIe siècle, qu’il convient de raffiner pour générer de la valeur ajoutée. Cela se fait d’une part via les fonctions propres à la plateforme, et d’autre part via les services de fournisseurs tiers, qui peuvent accéder aux données grâce aux interfaces existantes.
En Allemagne, le sujet du cloud est entaché de nombreux préjugés. Toutefois, comme les propriétaires, exploitants ou gestionnaires de biens suivent rarement un seul actif, il devient rapidement évident que les données doivent être centralisées. À condition que la protection des données et la sécurité informatique soient correctement assurées, je ne vois aucune raison valable de recourir à des déploiements dits « locaux ».
C'est donc dans le cloud qu'il faut héberger les données et exécuter les fonctions d’interface. Cette logique est renforcée par le fait que le traitement intelligent des données doit être réalisé par les meilleurs algorithmes disponibles, afin de générer un maximum de valeur ajoutée. Or, une seule plateforme ne pourra probablement jamais contenir tous les algorithmes optimaux pour chaque cas d’usage. C’est pourquoi je suis convaincu que l’avenir appartient à une topologie « Cloud-to-Cloud », voire à une topologie « Platform-of-Platforms ». Dans notre représentation graphique, cela correspond au point « Plateformes et services numériques tiers ».
La plateforme cloud peut être utilisée par toutes les parties prenantes concernées tout au long du cycle de vie d’un bâtiment. Elle peut être utilisée directement via des interfaces utilisateur (interfaces homme-machine ou interfaces utilisateur), telles que des portails web ou des applications mobiles. Des solutions « Business Intelligence » peuvent se connecter directement aux données et fonctions de la plateforme via ces mêmes interfaces. Une utilisation indirecte est également possible via des plateformes et services numériques tiers, qui accèdent à la plateforme cloud via les interfaces, et proposent à leur tour leurs propres API et interfaces utilisateurs.
Les bâtiments ont besoin d’une plateforme cloud pour relever les défis mentionnés plus haut. Vu le nombre considérable de bâtiments existants, neufs ou anciens, il est urgent d’instaurer une standardisation — notamment pour permettre la comparaison des offres des différents fournisseurs. Des plateformes cloud pour bâtiments sont déjà disponibles sur le marché et devraient être davantage utilisées dans le secteur immobilier.
La société aedifion GmbH propose, avec sa plateforme cloud pour bâtiments, ce nouveau corps d’état sous la forme d’une solution indépendante des fabricants et interopérable. Nous accompagnons les acteurs immobiliers dans la numérisation de leurs portefeuilles, ainsi que dans la mise en œuvre de leurs bâtiments et quartiers intelligents.
Lors d’un échange personnalisé, nous identifions vos besoins et vous présentons comment nos solutions cloud basées sur l’IA, combinées à des services sur mesure, permettent d’optimiser durablement l’exploitation de vos bâtiments.